lundi 11 octobre 2010
Langues / Citation de Marçais William, 1931
Il est impraticable, il n'est pas raisonnable et en fait il est rare que deux idiomes de civilisation coexistent très longtemps dans un même pays. Quand les concurrents jouissent d'un égal prestige, expriment sensiblement les mêmes choses et les disent aussi bien l'un que l'autre, des raisons de sentiment aidant, ce gaspillage de forces peut se prolonger. Mais quand l'une des langues est celle des dirigeants, qu'elle ouvre l'accès d'une grande civilisation moderne, qu'elle est claire, que l'expression écrite et l'expression parlée de la pensée s'y rapprochent au maximum ; que l'autre est la langue des dirigés, qu'elle exprime dans ses meilleurs écrits un idéal médiéval, qu'elle est ambigüe, qu'elle revêt quand on l'écrit un autre aspect que quand on la parle, la partie est vraiment inégale : la première doit fatalement faire reculer la seconde. Comme idiome de la conversation, celle-ci peut toutefois se maintenir. Mais là où deux peuples parlant deux langues vivent côte à côte, se mêlent étroitement, si l'un conçoit, ordonne et distribue les salaires et que l'autre exécute, obéit et vit de ses salaires, il faut s'attendre à ce que la longue, les dirigés, les salariés trouvent plus d'intérêt et soient plus portés à acquérir quelque usage de la langue des directeurs que ceux-ci à apprendre le parler de leurs subordonnés, de leurs employés.
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